LES PHÉNICIENS 2

 

 Création le 12 mai 2022

Gerhard Herm était un journaliste et écrivain allemand. Il a étudié au Werner Friedmann Institute et a reçu une bourse du programme Fulbright pour étudier aux États-Unis. Dans le cadre de ses études, Herm a obtenu un poste de journaliste à la télévision Tagesschau. Il a publié en 1973 un livre sur « Les Phéniciens, Antique royaume de la pourpre ».

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Les Phéniciens ont été les meilleurs navigateurs de l’antiquité. Ils ont découvert la quille et construit des navires de haute mer. Ils ont été des commerçants habiles qui excellaient dans l’art des négociations. Ils ont bâti le Temple de Jérusalem et percé une voie navigable à l’emplacement actuel du Canal de Suez. Avec le sable, ils ont inventé le verre ; dans la mer, ils ont trouvé les murex, pour la production de la pourpre. Aux  Grecs, qui les ont admiré puis détesté, ils ont légué  des dieux comme Héraklès et Aphrodite, ainsi que l’alphabet.

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      La ville phénicienne de Tyr, sur son île, a offensé Alexandre le Grand en lui interdisant en -332 de venir apporter une offrande à son dieu tutélaire Melqart. Alexandre décide donc de détruire cette ville, en faisant construire une digue par son armée pour l’attaquer par la terre. Pendant sept mois, les soldats construisent la digue, puis livrent un assaut sanglant. Résultat : 2000 Tyriens crucifiés, 30 000 femmes, vieillards et enfants vendus comme esclaves.

Qui sont les ancêtres de ces nomades des mers ? De pauvres nomades bédouins du désert du Sinaï. Au cours de deux millénaires, des invasions se sont succédées. L’événement dominant a été la migration des Amorrites vers -2000. Ils ont fait de la petite ville de Bab-Ilou (porte de Dieu) : Babylone. Un autre groupe d’Amorrites s’est fixé dans la Palestine : ce sont les Cananéens dont le nom peut signifier « les pourpres ». Les Grecs peuvent les avoir surnommé « phoinikes », ceux du pays pourpre …


Baalat-Gebal 
 

La science historique moderne a découvert les Phéniciens relativement tard : le mérite en revient à Napoléon III grâce à une action militaire : en 1860, les Druses ont massacré 30 000 Maronites chrétiens. Napoléon III envoie un corps expéditionnaire,  et lui adjoint, comme son oncle en Égypte, un orientaliste Ernest Renan. Le résultat de ses fouilles n’est pas important, à part une statue de Baalat-Gebal, déesse avec des cornes de vache et le disque solaire sur la tête. En 1921, Pierre Montet fait fouiller le terrain non bâti de Byblos. Un glissement de terrain en bordure de mer révèle une série de tombes royales. Byblos devient un terminus pour nombre de migrants, peut-être des « protos-phéniciens ».



Le Liban est le pays du cèdre, très apprécié des Égyptiens pour la charpente de leurs temples. Byblos s’enrichit. Mais cela provoque la jalousie des pharaons qui envahissent Byblos, et les Hittites, venant d’Anatolie, contre-attaquent, jusqu’à ce que Ramsès II épouse une fille du roi des Hittites. Maintenant, il faut acheter les arbres, et ce ne sont pas les vaisseaux égyptiens qui les transporteront mais les Tjekerous, des pirates indo-germains, surnommés « peuples de la mer », qui ont fondé en quelque sorte la Phénicie au djebel Liban, suivant l’équation : « Cananéens + Peuples de la mer = Phéniciens ».



Salomon écrit à Hiram de Tyr pour lui demander de construire le temple de Jérusalem. Celui-ci accepte moyennant contribution pour faire les plans, diriger les travaux et faire la maçonnerie fine. Quant aux mines de cuivre qui ont fait la richesse des Hébreux, les Phéniciens en ont dirigé l’exploitation.


 Les Phéniciens n’avaient pratiquement pas d’arrière pays. Leur domaine était un littoral, la mer étant la principale voie de communication.

Les risques qu’ils ont pris ont été énormes, mais ils se sont révélés payants : ils ont trouvé en Espagne les riches mines d’argent de la Sierra Morena. Un peu partout, ils ont installé des comptoirs, particulièrement en Sardaigne et en Tunisie : Qart-Hadacht (la ville nouvelle). Mais le chemin du déclin a commencé inexorablement, même si les Phéniciens ont de très bons contacts avec l’Assyrien Assurbanipal. Puis la domination assyrienne devient féroce. Sidon est rasée, mais Tyr, par sa position insulaire résiste à Nabuchodonosor. Les Grecs deviennent des concurrents et ennemis …

L’histoire de Carthage, colonie phénicienne sera évoquée dans un prochain article.